Emilie Guibert, le coaching d’entrepreneurs en fil directeur

par | 26 mai 2019 | 0 commentaires

Ancienne accompagnatrice de créateurs d’entreprise chez Cerfrance, Emilie Guibert a créé son activité de coaching pour permettre aux entrepreneurs de faire décoller leur business. On fait le point sur son parcours, son approche, son podcast à venir…

Qu’est-ce qui t’a amenée à créer ta propre activité ?

J’ai été salariée plus de 20 ans chez Cerfrance, où j’ai adoré accompagner des chefs d’entreprises, que je rencontrais en général une fois par an, voire davantage. Soit entre 500 à 600 entreprises que j’ai pu découvrir et suivre.

Dès le début de ma carrière, en 1997, j’ai commencé en accompagnant au total une centaine d’entrepreneurs bénéficiaires du RMI (devenu le RSA aujourd’hui) pendant 5 ans.

J’ai aussi accompagné, en tant que manager, une équipe de huit conseillers dont la plupart jouaient un rôle de coach. Tout cela donne une certaine vision des possibilités ou des difficultés dans le monde entrepreneurial.

La posture du coach, le côté humain qui amène à aider l’autre m’ont fait adorer ce métier. Si bien qu’après tant d’années à côtoyer des entrepreneurs, ça devenait une évidence de créer ma boîte ! Être entrepreneur, par rapport au salariat, c’est se donner davantage de possibilités, d’autonomie pour réaliser sa vision des choses. J’avais envie de cette liberté pour mettre en oeuvre mon propre accompagnement.

Et justement, qu’est-ce qui freine les entrepreneurs en général ?

Leur problème commun, c’est ne pas comprendre d’où viennent les difficultés. Gérer une entreprise, c’est aussi simple et difficile que gérer son budget familial. Un chef d’entreprise doit faire face aux problèmes du quotidien, mais il doit surtout affronter beaucoup de croyances sur ce qu’il devrait faire ou pas. Par exemple, j’ai rencontré beaucoup de dirigeants qui manquaient de rigueur sur les prélèvements personnels, c’est-à-dire l’argent récupéré pour se rémunérer. Quand un dirigeant n’a pas de salaire, il est tenté de prendre l’argent sur le compte de l’entreprise selon ses besoins ou ses envies… sans se soucier suffisamment de la bonne manière de le faire, et surtout de savoir si l’entreprise peut vraiment se le permettre.

Cela touche à un problème d’éducation financière, de rapport à l’argent ?

Souvent, oui. Les notions de bénéfice et de recette ne sont pas claires pour tout le monde. Je passais la moitié de mon temps à parler de financement, du fonctionnement qui permettrait à la société et son dirigeant de maintenir le bon cap. Par exemple, expliquer que pour atteindre tel salaire, il faut faire tant de chiffre d’affaires, prendre en compte les charges, etc.

Piloter une entreprise demande des compétences qu’on n’a pas forcément au départ ?

Oui, et j’adore expliquer comment tout ça fonctionne. À chacun son savoir-faire. Je sais faire fonctionner une entreprise mais pas comment fabriquer une baguette de pain ou couper les cheveux.

A quoi ça sert un « executive coach », un coach pour dirigeant ?

A prendre du recul. A s’autoriser à dire des choses qu’on pense tout bas, et qu’on n’ose pas dire à soi ni aux autres. Un coach, c’est une personne bienveillante qui écoute l’autre et l’accepte telle qu’elle est.

C’est quoi la différence avec un psy ou un consultant ?

Le psy a une approche de diagnostic, très « sachante ». Un coach ne s’adresse pas à des gens qui vont mal. Il apporte un mieux-être, mais pas une guérison. Le consultant peut proposer des solutions concrètes pour arriver à un résultat. Quant au coach, il est là pour aider à faire émerger un process. Il ne dit pas « quoi faire ». Il aide l’autre à devenir plus autonome et à trouver les meilleures idées pour lui et son projet.

Comment t’y es-tu pris pour lancer ton activité ?

D’abord, je tiens à préciser que Cerfrance m’a accompagnée pour créer mon entreprise. Comme je ressentais encore un besoin de légitimité malgré mon parcours, j’ai décidé de suivre une formation d’executive coaching (coaching destiné aux dirigeants) dans une grande école de commerce (HEC, sur le campus de Jouy en Josas). J’ai choisi cette école parce qu’il n’y avait pas de gourou du coaching : on y côtoie des professionnels de tous horizons, des cadres, des responsables des ressources humaines, etc. Ça évite une certaine consanguinité.

Et au niveau de ton offre ?

J’ai activé mon réseau, j’ai beaucoup discuté avec des personnes pouvant appartenir à ma future clientèle. J’ai suivi mon intuition, qui m’a encouragé à créer mon cabinet, un lieu adapté pour recevoir les gens. J’ai préféré le coaching individuel plutôt que de faire de la formation de groupe.

Pour mieux accompagner ou orienter les personnes selon leur situation, je me suis formée à des techniques de thérapie. J’ai suivi une formation sur la neurothérapie et les mouvements oculaires, avec des techniques dérivées de l’EMDR, pour aider à gérer le stress notamment. Je me suis aussi formée à la psychologie pour orienter certains clients vers les bons professionnels de santé.

Parce que la solution touche parfois à la santé ?

Je rencontre parfois des gens qui sont en dépression. Or on ne peut pas coacher quelqu’un dans cet état. Il existe aussi beaucoup de pensées limitantes qui freinent les entrepreneurs comme « je ne peux pas réussir si je suis seule », « je ne mérite pas d’être aimé », « je dois m’en sortir seul parce qu’on ne peut plus faire confiance en personne », etc.. J’utilise des techniques qui aident à se connecter à l’inconscient, à identifier ces croyances limitantes pour mieux les atténuer.

Pour toucher à un sujet qui fait souvent l’actualité, l’entrepreneuriat, c’est unisexe ? Y-a-t-il des différences entre hommes et femmes quand ils entreprennent ?

Je vais dire des choses très générales, mais oui. Disons que les femmes osent moins. Elles ont une conscience plus profonde de leur impact familial, elles s’organisent davantage par rapport au couple ou aux enfants et réfléchissent beaucoup avant de se lancer. Quant aux hommes, ils se mettent beaucoup de pression à la réussite, et vont davantage vers des objectifs ambitieux. Globalement, mon sentiment, même si encore une fois ce n’est qu’une généralité, les hommes ont aussi plus de mal à gérer les aléas liés aux rentrées d’argent.

Comment t’es tu organisée pour ta communication, ton site web ?

J’ai pris en compte dès le départ le site et les réseaux sociaux dans ma stratégie. Un coach ne peut pas vraiment chercher des clients : il doit être visible pour que des prospects l’identifient et décident d’aller à lui. Pour financer mon site web EmilieGuibert.fr, j’ai fait ce que j’aime faire par ailleurs : de l’échange de prestation de services. J’ai coaché les dirigeants d’une agence web et ils m’ont fait un chouette site internet, avec un échange de facture pour faire les choses en toute légalité.

Et pour la rédaction d’articles ? Le blog est là, mais l’alimenter, ça prend du temps !

J’ai prévu de faire des articles, j’ai les informations et je maîtrise les sujets… mais il me manque encore une bonne organisation  ! Et je vis chaque jour le syndrome de l’imposteur : tout le monde me dit apprécier ce que je dis ou apporte mais une part de moi a encore du mal à franchir le pas, à oser prendre la parole sur ce blog.

C’est assez fréquent… soit c’est le souci de la page blanche, soit c’est le fait d’avoir beaucoup à dire qui complique le fait de savoir par quoi commencer…

Pour faire avancer les choses, je travaille actuellement sur un autre format, complémentaire de l’écrit, et qui m’enthousiasme : le podcast. Tout n’est pas encore réglé, mais mes premiers essais ont été très encourageants, grâce aussi à mon partenaire qui vient du monde des médias radio. L’avenir nous dira comment ça va se concrétiser…

Quelques mots sur Didier Castelnau
Didier est un ancien journaliste et éditeur web. Il est "serial-entrepreneur" et accompagne des porteurs de projet et des entrepreneurs dans leur visibilité sur internet.

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