Nathalie Bagadey ou comment réenchanter sa vie au quotidien !

par | 12 février 2021 | 2 commentaires

Ancienne prof d’anglais agrégée devenue conférencière, désormais autrice et romancière impliquée dans le monde de l’écriture et de la formation à l’auto-édition, Nathalie Bagadey nous dévoile son univers de fantasy et de passion !

On t’a découverte lors d’une conférence en ligne où tu intervenais sur l’auto-édition et partageais des conseils d’une ancienne enseignante devenue autrice. Aujourd’hui, tu édites tes propres livres et romans, fais des conférences autour de l’anglais (ton ancien métier) et de l’édition… 

Oui, le sujet de cette conférence liée au Social Selling Festival, organisé par Loïc Simon, c’était « comment se vendre en publiant un livre », à l’intention des personnes qui veulent faire connaître leurs services. Trop peu de monde y pense ! En général, les professionnels qui cherchent à faire connaître leur marque se tournent vers les objets publicitaires comme un mug ou un t-shirt à leur logo. 

Alors qu’écrire un livre, c’est vraiment ce qui permet de compter, de se positionner comme expert sur son sujet. Ce n’est pas forcément compliqué : je recommande de partager ses découvertes, ses anecdotes de vie plutôt que de faire du transfert de compétences. C’est plus simple. Et le texte vieillit moins vite.

Comment as-tu démarré l’écriture, et trouvé tes premiers lecteurs ? Tu as quasiment créé une communauté de lecteurs avant même d’avoir ton premier livre !

J’ai toujours eu beaucoup d’imagination, et j’aime partager des plaisirs enfantins, l’idée de rêver, de retrouver sa jeunesse avec un côté ludique et féérique. J’ai commencé le blogging en 2008 en partageant des textes sur cet univers. J’avais déjà en tête un roman en plusieurs tomes, avec un monde féérique très riche et ambitieux. J’interviewais mes personnages, pour ce qui allait devenir « Une autre vie à Citara », mon livre de fantasy sorti bien plus tard… en 2017. 

Ton premier livre publié est donc un autre que celui qui a inspiré le commencement de ton blog ?

Oui. En réalité, j’ai commencé à publier mes premiers livres vers 2012. Je ne voulais pas commencer par mon propre univers de fantasy. Il me tenait trop à cœur et je voulais garder toute ma liberté. J’ai démarré en tant qu’autrice (ne me dites pas « auteure », je me bas pour qu’on utilise le bon mot) en répondant à des « appels à texte » auprès d’éditeurs, pour participer à des anthologies de nouvelles. Un jour, une maison d’édition a lancé un appel pour un recueil de nouvelles sur l’Ecosse. 

J’ai envoyé un texte qui fait voyager les gens dans un pays réel, en s’imbibant de la culture liée aux esprits, à la mythologie, au merveilleux du folklore écossais. On y découvre un pays enchanteur, avec ses légendes et ses créatures comme les brownies. Ce sont ces petits lutins écossais qui ont inspiré les elfes de maison de JK Rowling, dans Harry Potter. 

Je décrivais des créatures charmantes ou maléfiques, que mon héroïne trouverait sur son chemin. Cette nouvelle a tellement plu qu’on m’a proposé non pas de la publier, mais de la faire grandir sous la forme d’un roman, qui est devenu “Éclosia ou l’Écosse des légendes”. 

Sauf que… l’éditrice a eu l’honnêteté de me prévenir qu’il allait mettre la clé sous la porte dans les mois qui suivaient. Cela m’a encouragée à m’intéresser à l’auto-édition. Et j’ai bien fait, car ce livre auto-édité est chaque année mon best-seller… avec des centaines de ventes et plus de 130 commentaires très positifs sur Amazon.

Qu’apporte le fait d’être auto-édité ? D’autant plus que tu es aussi présente chez un éditeur jeunesse notamment… auto-édition ou collaboration avec un éditeur, on peut faire les deux à la fois ? Comment choisit-on l’un ou l’autre ?

L’auto-édition donne plus de liberté qu’avec un éditeur. Parce que dans ce cas, quand on est auteur, on est propriétaire des mots mais pas du livre ! On ne peut pas décider de la couverture, du prix du livre… Pour mon plus gros bébé (ndr : les quatre tomes d’une autre vie à Citara), il fallait que j’aie cette liberté. D’où l’auto-édition. Mais être édité par une maison ayant pignon sur rue a aussi ses avantages ! 

C’est-à-dire ?

Un éditeur installé donne une légitimité. Il permet aussi de s’appuyer sur des équipes qui gèrent la communication, la logistique… On perd du contrôle sur son livre, mais ça peut très bien convenir aux auteurs qui n’ont pas le temps de tout gérer.

Après il y a aussi la question de l’impression. Dans l’édition, certains impriment des milliers des livres et parce que leur stockage coûte cher, on les détruit ! Ça fait mal au cœur de mettre des livres au pilon, et c’est une aberration environnementale. Je fais partie d’un collectif Business4earth qui oeuvre dans la lutte contre la déforestation en reboisant notamment. Et l’idée c’est donc d’imprimer à la demande pour éviter le problème des stocks.

(Clique sur ce logo Business4earth si tu veux plus d’infos)

L’autre problème est aussi celui des commissions de droits d’auteurs… les revenus ne sont pas les mêmes ! 

Aujourd’hui, il existe des outils d’auto-édition et des stratégies de vente qui permettent de faire beaucoup de choses soi-même, ce qui permet d’avoir des commissions bien plus intéressantes. En ce qui me concerne, je vends directement sur Amazon. La plateforme imprime directement mes livres et les expédie. Avant la pandémie, j’étais aussi présente sur de nombreux salons du livre : pas moins de 36 salons en 2019 ! Et enfin, je vends aussi des copies dédicacées sur la boutique de mon blog. Ces trois canaux de vente représentent des marges différentes.

Ah, alors parlons chiffres ! Concrètement, combien te rapporte un livre vendu sur ton blog, par rapport aux circuits traditionnels ?

Dans l’édition classique, la commission pour l’auteur est de 8% en moyenne. Disons 10%. Alors sur chaque vente d’un livre de 500 pages à 20 €, l’écrivain va toucher 2 € de « droits d’auteur » par livre. Et il va devoir attendre un an pour toucher son chèque. 

Maintenant, parlons du scénario de l’auto-édition.

Je fais imprimer mes livres par Amazon. La fabrication du même livre auto-édité à 20 € me coûte 6,70 €, incluant les frais de port. Si un internaute achète le livre sur cette plateforme, Amazon prendra en plus sa propre commission et s’occupera de l’expédition. Mais il me restera 5,50 € dans la poche, c’est-à-dire 60% des royalties. Avec le format électronique, sur Amazon, on monte même à 70% de royalties pour soi.

Et si je vends directement de la main à la main à la personne, lors d’une dédicace dans un salon, j’élimine les commissions d’Amazon et je gagne plus de 10 € par livre, soit la moitié du prix. 

En résumé, quand on arrondit, le gain pour l’auteur est de 10 € (et même plus) en auto-édition contre 2 € chez un éditeur. Mais en contrepartie, c’est beaucoup de travail ! 

Donc être chez un éditeur, ça reste très bien quand on veut le laisser tout gérer. Et ils restent parfois incontournables. Les écoles, par exemple, achèteront leurs livres de jeunesse surtout auprès de professionnels déjà bien établis comme les maisons d’édition, que ce soit pour des raisons de logistique ou de facturation.

L’auto-édition d’un livre représente des mois de travail.. alors comment se discipliner ? A quoi ressemblent tes journées ?

D’abord, il faut savoir que je suis passée d’un rythme de vie de prof très minuté (avec des élèves, un emploi du temps strict) à un temps illimité à la maison. Un vrai changement. Il m’a fallu apprendre à gérer ça, pour ne pas laisser filer le temps ou ne plus savoir qu’en faire. Alors j’ai mis en place ma propre organisation.

Le matin, je me lève vers 7h, avec une petite séance de yoga et de méditation. Puis j’écris à partir de 8h30 en déconnexion totale : pas de notification, pas de téléphone ni de réseaux sociaux qui viendraient happer mon attention.

L’après-midi, je m’occupe davantage des aspects pratiques : comptabilité, réponses aux emails, communication…Je travaille parfois sur mes formations, et je me forme moi-même. J’ai aussi un rendez-vous quotidien incontournable : chaque jour à 18h, sur mon Instagram et Linkedin, je publie une courte nouvelle ou une idée d’action positive sur soi ou sur le monde. 

Et le blog ?

J’aimerais pouvoir consacrer davantage de temps à mon blog. C’est ce qui vient « en plus », et je le fais surtout le week-end. L’avantage de cette nouvelle vie, c’est qu’aujourd’hui, je peux gérer mon temps selon mon envie et mes priorités. Je peux tout bousculer pour m’occuper d’un de mes trois enfants si une urgence l’impose, comme c’est arrivé récemment.

Cette liberté fait rêver mais elle a un prix… regrettes-tu parfois ta vie d’avant ? 

Si l’on veut vivre heureux, il faut vivre en étant pleinement soi-même. En tant que professeure d’anglais, je ne l’étais plus, parce que je n’étais plus en phase avec l’Education Nationale. Je voyais des pistes pour améliorer le quotidien ou les résultats de mes élèves, mais il me semblait impossible de faire bouger les choses. Et puis, c’est un métier épuisant. J’étais à la limite du burnout, peut-être en vivais-je déjà un. 

Une expérience me l’a fait comprendre, un jour où je conduisais sur l’autoroute. Je venais de quitter ma fille malade restée à l’hôpital. J’ai dû la laisser pour partir faire mon cours. Au volant à 130 km/h, je me suis endormie deux secondes. J’ai fermé les yeux sans sentir le sommeil venir. Quand j’ai ouvert les yeux, j’étais à deux doigts de percuter le rail de sécurité de la voie de gauche. Je me suis dis que si je continuais comme ça, je n’allais pas vivre assez longtemps pour connaître la retraite.

Et sur le plan financier ? Comment te situes-tu avec cette vie de romancière et conférencière ? 

Depuis que j’édite mes livres, tout le monde me demande : est-ce que tu arrives à en vivre ? Mais vivre, ce n’est pas gagner de l’argent ! L’argent, c’est juste une partie de la vie. Alors oui, je gagne moins d’argent que lorsque j’étais prof agrégée. Mais qu’est ce que je vis mieux ! 

J’ai la pêche, j’ai du plaisir à faire mon job. Bien sûr, je n’ai pas tout quitté sans prendre des précautions. J’ai préparé ma démission en demandant une indemnité de départ volontaire, l’équivalent de la rupture conventionnelle. Il m’a fallu me battre et négocier pour l’avoir, mais j’ai pu démarrer mon aventure avec 1 an de salaire d’avance. 

Je suis partie 6 mois avant le début de la pandémie. La crise sanitaire a freiné les conférences que j’anime autour de l’apprentissage de l’anglais, notamment le SpeakShow où l’on débloque l’apprentissage de l’anglais pour les adultes. Mais d’un autre côté, quand même, je fais des économies sur les médicaments qui m’aidaient à tenir le coup quand j’étais prof ! J’ai beaucoup sacrifié ma carrière pour suivre mon mari. Dans notre couple, on s’est dit que c’était mon tour, et ça pouvait passer par une période de revenus plus modestes. 

De toute façon, les revenus augmentent progressivement quand on s’auto-édite. Un secret, c’est d’ailleurs d’avoir plusieurs livres et publier régulièrement de nouvelles créations. Les revenus peuvent devenir exponentiels.

Tu parles de développement personnel sur ton blog… Comment es-tu passée de la fantasy au « dev perso », au point d’écrire un livre sur le sujet ?

Tout est parti d’un concours d’Amazon, qui proposait d’écrire sur le sujet. J’ai d’abord rejeté l’idée. Ce n’était pas pour moi ! Puis l’idée d’ajouter du merveilleux dans la vie des autres m’a semblé être le sujet qui s’imposait. Les personnes à qui je partageais de simples lectures et conseils autour du merveilleux voyaient leur vie s’améliorer. Alors j’ai tout lâché, j’ai travaillé à fond sur mes heures libres pour rédiger ce livre en deux mois. Et les gens me le disent : c’est un livre qui fait du bien.

Tes conférences « réenchantez votre vie », c’est donc pour incorporer plus de rêves dans nos vies ?

Oui, le monde s’est progressivement désenchanté. Dès le début du XXème siècle, l’explication scientifique de la vie a fait perdre le sens du merveilleux. Ça nous fait perdre des occasions d’être heureux. Alors laissons le jeu et la rêverie entrer dans nos quotidiens.

Quelques mots sur Didier Castelnau
Didier est un ancien journaliste et éditeur web. Il est "serial-entrepreneur" et accompagne des porteurs de projet et des entrepreneurs dans leur visibilité sur internet.

2 Commentaires

  1. Nathalie Bagadey

    Merciiii pour ce chouette article ! J’ai adoré discuter avec vous 2 ! 😊👍

    Réponse
    • Didier Castelnau

      merci, c’était très sympa aussi de nous partager des infos et chiffres autour de ton activité. De quoi rendre les choses plus claires pour celles et ceux, tentés par l’auto-édition, qui ont la plume qui les démangent 😉

      Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Tu veux participer à BlogueusePro.com ? Suggérer quelqu'un à interviewer ?

Prends contact avec nous, on te répondra !